Non,… nous n’allons pas faire une analyse freudienne d’un industriel, même si c’est tentant. Nous allons cependant tenter d’explorer un phénomène inexpliqué, et pourtant préjudiciable pour la compétitivité de nos entreprises, et pour l’environnement…

Le constat est évident, les certificats d’économie d’énergie ne sont pas assez utilisés par l’Industrie. Seuls 6% du total des CEE délivrés lors de la première période sont issus de l’industrie. Pour ce qui est du nombre d’opérations, l’ADEME confirme cette tendance avec une estimation du nombre de travaux estimés sur la période du 01/07/2006 au 31/12/2012, égal à 5,74% pour l’industrie comme l’illustre le graphe ci-dessous:

 

Les opérations les plus fréquentes, toujours d’après l’ADEME:

  • RESIDENTIEL –  Chaudière Individuelle (COndensation) : 16,50%
  • RESIDENTIEL –  Isolation de combles ou de toitures: 9,17%
  • RESIDENTIEL –  Isolation de murs: 6,75%
  • RESIDENTIEL –  Chaudière collective (Condensation) : 6,69%
  • RESIDENTIEL –  Appareil indépendant de chauffage au bois: 5,93%
  • RESIDENTIEL –  Chaudière Individuelle (Basse t°) : 5,19%
  • RESIDENTIEL – Fenêtres avec vitrage isolant : 3,92%
  • RESIDENTIEL –  Chaudière collective (Condensation avec contrat) : 3,92%
  • INDUSTRIEL –  Système de variation de vitesse électronique (Moteur asynchrone) : 3,64%

La première opération industrielle arrive donc à la neuvième place….

Pourquoi l’industrie n’utilise-t-elle pas ce levier pourtant puissance des CEE??

Une enquête de l’ADEME:

Enquête auprès de 4300 industriels:

  • 29% connaissent le dispositif CEE, avec augmentation en fonction de la taille de l’établissement : jusqu’à 70% si effectif > 500 salariés.
  • 5 % des industriels ont bénéficié du dispositif CEE, avec augmentation en fonction de l’effectif : jusqu’à 39% si effectif > 1 000 salariés
  • Sidérurgie, métaux non ferreux , construction automobile = + utilisateurs
  • Principales actions : vitesse variable, air comprimé, éclairage et récupération de chaleur -> amélioration d’un équipement existant

Enquête auprès d’industriels ayant bénéficier de CEE:

  • 1/3 opérations spécifiques, 2/3 opérations standards
  • 1 industriel sur 2 a reçu un accompagnement technique et financier
  • CEE = dispositif incitatif pour 70% des industriels interrogés

Selon le Ministère, qui évoque pour explication:

  • tailles des investissements nécessaires,
  • nécessité de relations personnalisées avec l’investisseur,

D’ajouter qu’aucune de ces raisons « toutefois n’est rédhibitoire ; cette situation pourrait donc évoluer dans un contexte de plus grande concurrence entre les obligés. »

Selon le responsable d’un bureau d’étude en énergie:

  • Incompréhension du mécanisme
  • Méconnaissance de son fonctionnement

Selon le CEREN

L’institut qui est allé le plus loin dans cette réflexion semble être le CEREN dont les études sont souvent référencées dans les articles ou autres études.

On apprend en effet dans une de leurs présentations datant de février 2013, que les Gisements évoqués plus haut sont répartis comme tels (nous avons réorganisé les chiffres):

TRSI signifie sur ce graphe : « Temps de Retour sur Investissement ».

Nous pouvons observer qu’environ la moitié (49%) du gisement se trouve dans les opérations transverses, le reste se trouvant dans les procédés de l’industrie lourde. 

Faisons le tri maintenant des gisements exploitables. (Nous allons être très conservateur):

  •  Les gisements issus des procédés de l’industrie lourde:
    • n’ont pas de temps de retour sur investissement indiqué dans ce rapport.
    • Ajouté au fait qu’ils sont pour la plus part liés à des changements lourds pour le fonctionnement de l’industrie,

Nous pouvons comprendre que s’il n’y a pas de frein financier, il reste un frein organisationnel, et enfin, certainement un frein psychologique, modifier un processus, une organisation pour des questions énergétiques n’est pas encore quelques chose de facilement concevable en France…

  • Les gisements dans les opérations transverses:
    • Une bonne partie de ces gisements réside dans les moteurs électriques. Cependant, ces gisements ont des temps de retour sur investissement (TRSI) supérieurs à 3 ans. Il conviendrait d’aller regarder d’un peu plus prêt ce TRSI une fois valorisés les CEE. Cela fera l’objet d’un prochain article.

Ci-dessous l’illustration des gisements restant, une fois enlevés les gisements trop lourds en terme de changement ou pas assez rentable: